LES ÉGOUTS

Skriishka est né dans un rodere tout à fait banale, dans les égouts de la ville de Lysandre. Ses deux parents n’étaient pas les pires rats à parcourir leur territoire et franchement, la vie du petit hybride rongeur n'avait rien de terrible.

D’aucun vous diront que la vie des Skaven n’avait rien de tranquille: entre leur fourberie, leurs vols, leurs tromperies; mais Skri vous dira que le serpent ne compare pas sa vie à celle du lion, alors il ne voit pas pourquoi ils se permettent de critiquer.

Toujours est-il qu'à l’âge de trois saisons, Skriishka commença sa formation de petit mage. Il n’était pas donné à tous les skavens du rodere Noir que de s’adonner à la magie, surtout que beaucoup d’entre eux manquaient de la patience nécessaire à son apprentissage, mais chaque génération “sacrifiait” un petit à cet apprentissage, au minimum, et Skri ne saurait réellement vous dire s’il eut de la chance ou pas que cela tombe sur lui.

Ce fut donc comme ça que Skri se retrouva à devoir vivre avec le vieux Skirjoa, le plus vieux skaven du groupe avec ses 38 ans, un véritable ancêtre. Skirjoa était le genre de rat au regard pénétrant qui avait sûrement eu du succès étant plus jeune, mais qui en ce jour se déplaçait en se servant de son bâton plus comme d’une canne que comme d’une arme.
Après avoir passé son savoir à Skri, Skirjoa ne lui survécut pas longtemps, prenant son dernier souffle à l’aube de ses 40 ans, un record pour un skaven de leur rodere. Ce fut à la suite du décès de son mentor que Skri pris la position de “Grand Noir” dans son rodere.

Sa vie en tant que Grand Noir aurait surement finie comme celle de Skirjoa, à prendre sous sa patte un autre petit du rodere, si quelque chose d’horrible n’était pas arrivé. Faisait-il nuit ou jour à la surface, Skri ne s’en rappelle pas. Ce dont il se rappelle, c'était cette odeur immonde qui d’un seul coup avait envahit le rodere. Tous les skavens avaient levé la tête vers un même point, du plus jeune au plus vieux, les poils hérissés. Quelque chose de malsain était arrivé dans leur partie des égouts.

Ils étaient arrivés comme les héros d’un opéra d’action, une fumée de ténèbres les entourant dans une image malsaine. L’homme à la tête était recouvert d’un manteau en fourrure noire et de petites breloques d’un blanc terne, son visage adornant un sourire patient et bienveillant; derrière lui, une dizaines de suivants, de l’orc à l’humain en passant par le nain, le suivaient, tous habillés de noir avec une petite étoile noire tatouée sur leur front.  
Sentant le vent puant de la mort entourant cette troupe, les femelles skaven les plus proches des petits les avaient poussé derrière leurs jupes pour les cacher et les guerriers (mâles comme femelles) s’étaient emparés de quoi se défendre.

“Tout de suite, voyons … nous ne nous sommes même pas présentés.” la voix qui parlait venait de la figure de proue du groupe, du sorcier (très certainement, vu la manière dont il était habillé); une voix mielleuse, doucereuse et qui aurait surement eu plus sa place sur un barde que sur quoi que fut cette créature.

La tension qui habitait tous les membres de ce face off aurait pu être coupée au couteau, et il ne fallut pas plus qu’un ricanement de la part du nain accompagnant le sorcier pour que tout n’explose. Le rodere se mut d’un seul corps, formant une vague de couleur qui se jeta en avant, les petits allant se terrer dans les Trous prévus à cet effet un peu partout. Skri lui, resta à l’arrière, levant sort après sort pour aider les siens. Mais ce fut peine perdu.

Quel que soit le nom ou l’espèce de ce qui était venu dans leur territoire, la Créature et son groupe massacra le rodere avec une aisance dénotant de l'habitude. Skri ne survécut qu’en écoutant sa couardise et en se cachant à son tour dans l’un des trous pour petits. Ses yeux noir ne quittèrent pas un seul instant la Créature du regard, fixant dans son esprit la manière dont il écorchait les siens pour ensuite les mettre dans des sacs que ses suivants tiraient derrière eux, et ce jusqu'à ce qu'il entre dans le Trou. Quand l’abomination eut terminé de se servir, elle laissa (avec un soupire de regret) le reste des corps du rodere et s’en alla avec sa cohorte.

Skri et les petits attendirent une révolution lunaire avant de sortir de leur Trou.

Regardant autour de lui, le seul adulte du groupe, à 12 ans, Skriishka poussa un petit cri de détresse qui fut rejoint par tous les petits qui avaient survécu.

C’était la fin du Rodere Noir.

LA SURFACE

Il fut souvent dit que le temps pansait toutes les blessures … Skri aimerait faire savoir qu’il n’était pas du tout de cet avis. Cela faisait déjà cinq années depuis le massacre du rodere noir et Skri faisait toujours des cauchemars influencés par cette époque.

Suite à la mort des siens, Skri avait tenté de reconstruire le rodere, mais cela était bien trop de travail pour un seul rat et les petits avaient besoin qu’on s’occupe d’eux, qu’on les nourrisse, qu’on les aime. Skriishka n’était pas capable de faire tout ça, alors dans un élan d’altruisme (et d'égoïsme sûrement), il se rendit avec les petits vers le groupe de skavens le plus proche qu'il trouva et leur demanda de les adopter (tout en les prévenant de ce qui rodait dans les égouts). Le groupe n’était pas vraiment d’accord pour accueillir de nouvelles bouches à nourrir, mais Skri, qui avait été le Grand Noir de son rodere, leur parla du Mal du sang, cette maladie qui touchait ceux qui se mariait avec leur propre famille, déformant les petits ou les tuant dans le ventre de la génitrice. Quand l’autre groupe reconnut une affliction dont les siens étaient souvent victimes, l’accueille des petits se fit bien plus facilement. Et ce fut sans un regard en arrière que Skri quitta ce qui restait de son rodere.


Pour en revenir à sa place en surface, Skriishka ne fut pas réellement bien reçu quand il y arriva. Déjà, la réputation des skavens le précédait, mais en plus de ça, il puait la mort (de manière littérale). Il aurait sûrement fini mendiant dans un coin de la ville si Mr Rudos ne l’avait pas recueilli.

Mr Rudos était un humain, d’un âge plutôt vénérable (42 ans), la chevelure poivre et sel, et doté d'un visage aussi avenant qu’une porte de prison. L’homme n’était pas un bon samaritain, mais quelqu’un cherchant une main d'œuvre bon marché et qui ne lui trainerait pas dans les pattes. Mr Rudos était aussi le fossoyeur attitré du cimetière de la ville, et personne ne trépassait (officiellement) sans qu’il ne s’occupe du corps.

Mr Rudos était aussi le genre d’homme qui se fichait de ce l’autre faisait de son temps libre tant que le travail qu’il demandait à faire l’était, fait. Aussi quoi que fasse Skri dans sa propre chambre, cela lui importait peu.

Skriishka n’était pas le genre qui allait se casser la queue à chercher à se venger, il n’avait simplement pas les moyens de trouver l’Abomination et lui faire payer pour ses crimes. Mais il faut croire que le karma existe, parce que quelques mois après être arrivé en surface, il put assister à l’exécution de celui qui avait fait de rodere un souvenir. L’homme, au nom commun d’Henri, était un Humain d’une trentaine d'années, ayant arpenté les égouts pour tuer ceux dont personne ne se préoccupait et ce afin de se faire sa propre armée nécrotique. Et alors que l’épée du bourreau s’abattait sur sa tête, le rire fou de l’homme se marqua à jamais dans l’esprit du skaven et le visage extatique, attendant la mort avec joie, se grava sur sa rétine. Skri était terrifié.

La terreur de Skri face à ce qu’il avait vu ce jour-là le poussa à en apprendre plus sur la nécromancie et à s'y jeter tête la première. C’est lorsqu’il réanima son premier corps qu’il se fit la promesse que personne ne pourrait jamais utiliser son propre corps et que pour cela il allait trouver le moyen de devenir immortel.

Aujourd’hui Skri est un skaven connu des surfaciens, des habitants de Lysandre, eux qui le croisent dès qu’ils se rendent au cimetière. Le vieux Rudos ne met plus les pieds sur le terrain que pour s’occuper des mausolées ou cryptes des riches; le reste du temps, c’est Skri qui est responsable du cimetière (et si parfois, un corps ou deux disparaissent de leurs tombes, ce n’est pas le problème de Rudos).


Vocabulaire
A prendre en compte que ce qui se passe dans le rodere, ses mœurs, son vocabulaire, ses coutumes, ne concerne que le rodere de Skri, pas tous les groupes de Skavens.
Rodere : groupe de skaven.
Grand Noir: chef.fe mage du rodere.
Trou: tannière de petite taille, pouvant acceuillir un petit skaven, très profonde (~3m) avec une bifurcation en coude menant à une poche cachette
Personnages important :
Père (Skyenk) & Mère (Skriisha) (skaven): décédés
Skirjoa (skaven): Grand Noir - décédé
l’Abomination (humain): nécromancien (brigant) - décédé
Le soleil noir : (groupe de brigants) - dicéminé
Mr Rudos (humain): patron - vivant