Un sursaut de conscience la pousse a ouvrir les yeux. D’abord, la douce sensation de la mousse végétale sous ses doigts lui indique la nature de l’endroit. Si le chant des volatiles ne lui avait pas paru si réel, la douleur a l’arrière de son crâne indiquerait a la demoiselle qu’il ne s’agit pas d’un rêve. Le ciel, dont la teinte s’harmonise habituellement avec ses prunelles, lui paraît ici aussi irréel que les arbres dont la croissance paraît sanctuariser le lieu de sa mauvaise chute. Un temps, la jeune femme songe être passée de vie à trépas d’une façon liée à la douleur ressentie.


Comme pour renforcer son impression, l’apparition éthérée devant elle aurait, a ses yeux cristallins, tout d’un ange venu la guider dans l’au-delà. Lorsque Zéphyra révéla son nom à notre protagoniste, cette dernière fut parcourue d’un éclair de lucidité. Le nom de la Gardienne des Voiles lui parut étrangement familier. Pour autant, c’est un autre nom que cette évocation fera émerger de son esprit embrumé. La blonde semble soudain songeuse, alors qu’elle scrute le firmament dans une attente dont elle seule connaît l’objet. Après avoir laissé l’émeraude baigner son visage un instant, voilà l’amnésique qui s’avance de quelques pas jusqu’à se prosterner face a la beauté surnaturelle.

« Louée sois-tu, ô Zephyra la Gardienne des Voiles. Malgré la générosité que tu me témoignes, mon coeur ne saurait se détourner de la Sainte Lumara.  Je crois en la lumière, le pouvoir de la vérité ! »

L’apparition subite de la créature aurait eu de quoi apeurer Lucina, si cette dernière ne se savait pas en divine compagnie. Plutôt qu’un aléa, les paroles de la déesse lui firent même penser que ceci était une nouvelle épreuve, pressante à la fois dans le temps et dans l’espace.Si la vision de la harpe ressassa quelques mélodieux souvenirs en son sein, l’heure n’était pas aux ballades. Est-ce son instinct qui dirigea son regard vers l’épée juchée contre une pierre ? Est-ce la nature scintillante de l’objet qui captiva irrémédiablement son attention ? La vérité est la suivante :elle sut immédiatement que la créature devrait être défaite par les armes.

C’est pourtant avec une étonnante aisance qu’elle saisira la garde de l’arme. D’un regard sans peur, elle ne souhaitait pas non plus se voir attribuer de reproche. Alors sa main ne tremblerait pas, tandis qu’elle laissait encore une chance au monstre de battre en retraite, prête à défendre chèrement le terrain sur lequel elle se dresse.

Dans son dos, la démiurge des vents. Face à elle, une obscure engeance. Pour s’en défendre, une lame de fer forgé constituera son unique rempart, guidé par sa propre main.   Lucina espérait que s’être armée suffise à faire déguerpir la bête, mais les deux partis de ce duel semblent dotées de la même détermination.

Pour la créature, il ne s’agit certainement que d’un instinct primaire. Se nourrir, protéger son territoire ? Hélas, la blonde est parfaitement incapable de communiquer avec elle de manière compréhensible. Pire, dans l’optique ou Zephyra semble miser des espoirs sur la façon dont cette situation sera résolue, son invitée ne saurait faillir et la décevoir. Sa prise sur l’épée se raffermit alors, tout comme son regard céruléen. Faisant fi des grognements de la créature, l’humaine avance d’un pas, puis d’un autre, avant d’accélérer son allure. La bête ne paraissait pas être des plus menaçantes. Guidée par son propre instinct martial, il suffirait à la jeune femme de calculer savamment sa frappe pour écarter cette menace de sa route.

L’adrénaline de l’instant cède rapidement place au son de la chair tranchée. Un bruit lourd, un corps chutant au sol, retentit dans le dos de l’humaine qui peine encore a réaliser. L’absence de douleur ressentie, comme la vision de sa lame empourprée, lui confirment rapidement qu’elle a fait mouche sans être elle-même atteinte. Son premier réflexe est alors de nettoyer le tranchant de son arme avec ce qui lui passe sous la main, à savoir des brins d’herbes touffus. Ceci fait, elle accepterait silencieusement les éloges de Zephyra en s’inclinant face à elle.

La mise a l’épreuve se poursuivrait alors. La déesse exigeant une réponse honnête mais réfléchie, l’humaine se mura un temps dans le silence. L’abnégation, dont elle venait de faire montre ici, guidait ses actes. Même si son amnésie n’était pas pleinement dissipée, elle en était certaine. Quelques visions de son entourage la réprimandant lui revenaient de manière sporadique. Qu’avait-elle fait de mal dans ces souvenirs ? Il lui semble être question d’une importance moindre de sa personne que celle d’autrui, à ses propres yeux. Qu’à cela ne tienne, cette considération motivera sa réponse à la maîtresse des Vents.

« Sans l’ombre d’un doute, je partagerai mes provisions avec la ville, dois-je me restreindre par ce geste ! »

De l’énoncé de Zephyra naîtrait un dilemme dans l’esprit de la jeune femme. En temps normal, sans hésitation aucune, elle jugerait que le pillard doive pleinement répondre de ses actes afin de servir d’exemple. Seulement, la motivation derrière ce larcin atténue la fermeté de son jugement. En vérité, l’humaine se dit qu’elle le prendrait très certainement sous son aile, afin de lui permettre de racheter sa faute tout en ayant pas à la réitérer. Le problème est donc de formuler non pas deux réponses, mais une seule, comme l’attend la divinité. L’implacable froideur judiciaire lui apparaît quoiqu’il en soit comme démesurée pour quelqu’un n’ayant volé que de quoi nourrir les siens.

« A défaut d’être excusable, l’acte est compréhensible. Le coupable mérite selon moi que l’on trouve une alternative visant à redresser les torts. »

La possibilité qu’un tel objet finisse entre ses mains embarrasse l’épéiste. Si Lucina est certaine d’une chose, c’est qu’elle l’utiliserait plutôt pour rendre service à autrui que pour son propre bénéfice.Dans l’absolu, elle jugerait plus sage de le confier à quelqu’un qui soit capable d’en déceler et d’en exploiter tout le potentiel. Néanmoins, puisque la propriété lui en incombe, le détruire par peur du pouvoir qu’il renferme reviendrait à cracher sur le présent qui lui fut octroyé. N’est-il finalement pas entre de bonnes mains que celles d’une femme qui veillerait à appréhender pleinement ce qu’elle détient avant d’en faire usage ?

« La question est difficile… mais je le cacherai le temps de m’assurer de ce qu’il peut faire. Que cela soit bon ou mauvais influencera forcément ma décision. »

L’esquisse d’un doute apparut sur le visage de la mortelle. A priori, posséder une épée dans sa dextre l’orientait tout naturellement vers l’aspect offensif dans les combats qu’elle mènerait. De même, tandis que ses souvenirs commencent à refluer, Lucina se sent parfaitement imperméable à la magie. En dépit de ce handicap, la voilà qui brandit fièrement son épée, lame vers le bas, en osant soutenir le regard de Zephyra d’un aplomb reflétant sa sincérité.

« Cette épée, comme la personne qui la manie, ont pour vocation de défendre leurs alliés. Ma voix guidera leurs esprits à travers les temps troubles, tandis que mon bras leur montrera la voie à suivre ! »

Jusque-là instinctive, pour ne pas dire incisive, dans ses réponses, l’évocation de son objectif poussera l’épéiste vers la réflexion profonde. Avant l’amnésie, sa venue dans cette forêt fut-elle motivée par la vengeance ? A cette pensée, un poids se manifesta dans sa cage thoracique, son coeur se serrant comme si elle mettait vaguement le doigt sur quelque chose. Ses paupières chutèrent, le temps pour elle de vaincre sa perte de mémoire comme elle l’eut fait avec la créature auparavant.

Et comme si elle venait d’ouvrir une porte, la lumière lui apparut. La vérité est qu’elle aurait pu se trouver ici comme ailleurs, transformant donc sa rencontre avec la gardienne des Vents en miracle. Car s’il est désormais une certitude dans l’esprit brumeux de la jeune femme, c’est qu’elle est venue ici de son propre gré et non parce qu’on lui a intimé cette destination. Disons le clairement : si Lucina s’habille de vertus chevaleresques, elle affectionne particulièrement n’en faire qu’à sa tête, la plupart du temps. Toute idée germant dans son esprit s’y enracine avec une telle fermeté que l’en détourner relève de la folle entreprise. Si elle n’a pas forcément la puissance nécessaire pour faire de toutes ses ambitions une vérité, la blonde s’en moque totalement puisqu’elle en a déjà l’audace. Sa motivation est pourtant ailleurs.

Elle le sait désormais. Un éclair de lucidité la conduisit à ressentir une broche présente dans son habit dès le départ. L’objet, une fleur de Lys faite d’or pur, témoigne forcément de la noblesse de ses porteurs. Humaine, son sang est bleu et c’est donc cela qui lui dicte l’exemplarité afin de ne pas jeter l’opprobre sur son patronyme. Ceci, c’est sa ligne de conduite. Lucina le sait pourtant : toute altruiste qu’elle veuille se dépeindre, elle tire une satisfaction personnelle de ce comportement. Celle de marcher dans les pas de son frère au grand dam de son père. Fidèle a cette philosophie, elle finira par s’exclamer auprès de Zephyra :

Jusque-là instinctive, pour ne pas dire incisive, dans ses réponses, l’évocation de son objectif poussera l’épéiste vers la réflexion profonde. Avant l’amnésie, sa venue dans cette forêt fut-elle motivée par la vengeance ? A cette pensée, un poids se manifesta dans sa cage thoracique, son coeur se serrant comme si elle mettait vaguement le doigt sur quelque chose. Ses paupières chutèrent, le temps pour elle de vaincre sa perte de mémoire comme elle l’eut fait avec la créature auparavant.

Et comme si elle venait d’ouvrir une porte, la lumière lui apparut. La vérité est qu’elle aurait pu se trouver ici comme ailleurs, transformant donc sa rencontre avec la gardienne des Vents en miracle. Car s’il est désormais une certitude dans l’esprit brumeux de la jeune femme, c’est qu’elle est venue ici de son propre gré et non parce qu’on lui a intimé cette destination. Disons le clairement : si Lucina s’habille de vertus chevaleresques, elle affectionne particulièrement n’en faire qu’à sa tête, la plupart du temps. Toute idée germant dans son esprit s’y enracine avec une telle fermeté que l’en détourner relève de la folle entreprise. Si elle n’a pas forcément la puissance nécessaire pour faire de toutes ses ambitions une vérité, la blonde s’en moque totalement puisqu’elle en a déjà l’audace. Sa motivation est pourtant ailleurs.

Elle le sait désormais. Un éclair de lucidité la conduisit à ressentir une broche présente dans son habit dès le départ. L’objet, une fleur de Lys faite d’or pur, témoigne forcément de la noblesse de ses porteurs. Humaine, son sang est bleu et c’est donc cela qui lui dicte l’exemplarité afin de ne pas jeter l’opprobre sur son patronyme. Ceci, c’est sa ligne de conduite. Lucina le sait pourtant : toute altruiste qu’elle veuille se dépeindre, elle tire une satisfaction personnelle de ce comportement. Celle de marcher dans les pas de son frère au grand dam de son père. Fidèle a cette philosophie, elle finira par s’exclamer auprès de Zephyra :

« Honneur et courage me guident, mais je n’entends en tirer aucun parti. Je ne cherche qu’à faire respecter l’ordre et l’équité en tant que modèle de justice, sans que les innocents ne soient abusés d’aucune sorte ! »

Une contemplation plus détaillée de sa broche mènerait son esprit à la mélancolie. Son matériau comme sa finition constituaient en eux-mêmes des indices quant au royaume au sein duquel il fut façonné. Ce savoir-faire et cette opulence ne pouvaient provenir que de la capitale. Lucina se souvient encore du jour ou l’insigne lui fut remis. Plus qu’un honneur familial, c’est surtout un souvenir de sa fratrie disparue. Elle ne peut réprimer un sourire à la pensée que son père apprenne qu’elle possède le Lys familial sans qu’il n’aie été la personne a l’origine de sa remise. Peut-être devrait-elle l’exhiber fièrement quand elle le retrouvera ? Pour l’heure, c’est à Zephyra qu’elle révèle finalement l’objet, afin d’appuyer son propos.

« Je me souviens enfin de mon nom grâce a ceci. C’est de Lysandria, la capitale de notre monde, que je proviens. »

Grâce à son échange avec la Déesse des Vents, la jeune femme peut désormais se replonger pleinement dans ses souvenirs retrouvés. Seulement, la mauvaise chute a l’origine de cette amnésie temporaire n’entends pas se faire oublier si facilement. La douleur crânienne reprendrait le pas sur toute autre sensation dans le corps de Lucina, qui maugréa avant d’observer ce que lui tendait Zephyra. Une potion de soin légère. Un objet assez rare pour que la blonde ne se souvienne pas en avoir déjà vu sur les nombreux étals aperçus au sein de sa terre d’origine. C’est donc humblement qu’elle acceptera ce présent, soucieuse d’en observer l’aspect et d’en sentir la fragrance avant tout. Ses connaissances en herboristerie ne lui permettraient pas d’identifier le moindre ingrédient de la sorte, mais il s’agit là d’un réflexe dicté par sa prudence naturelle. Toutefois, Zephira bénéficie évidemment de sa pleine confiance. Aussi, la Vestalys ne se ferait pas prier pour avaler le contenu de la fiole d’une traite. Déjà, il lui semblait ressentir les effets du breuvage..